Au programme du #2 de la série “Des amis qui vous veulent du bien” : incompétence stratégique, charge mentale, division du travail domestique dans le couple et recours aux travailleuses domestiques migrantes, le tout analysé avec les recherches de la sociologue Rose-Myrlie Joseph.

19h27
« Je suis là, je suis là ! » Triomphante, Chloé dévale l’escalier. Bien que ce soit une bataille quotidienne, la victoire sur le coucher n’est jamais assurée. Laure et Julien affichent un air déçu de ne pas voir leurs filleuls ce soir.

19h39
La commande du traiteur thaïlandais du coin de la rue arrivée à 19h17 peut enfin être entamée et la discussion prend son rythme :
Laure : Là on a encore une merde avec le toit, et les devis sont ridiculement chers.
Julien : On va finir par le faire nous-mêmes, en regardant des tutos sur YouTube.
Chloé : Au cabinet, on a un client qui a une entreprise de rénovation, je peux lui en toucher deux mots et voir s’il peut vous faire un prix.
Julien : Tu es sûre, ça ne te pose pas problème ?
Chloé : Mais n…
« Bien sûr que non, en plus c’est pas tous les jours que les cabinets comptables peuvent faire du pro-bono », interrompt Paul d’un ton jovial.
Chloé : Je lui en parle demain… Ohlala si vous saviez ! Son dossier est un casse-tête, il…
Paul, lui passant la main sur le dos : « Chouchou, jeudi soir, pas de casse-tête au programme. » Il ponctue la phrase par une bise dans le cou et poursuit : « J’ai pas trouvé la sauce vietnamienne. »
Chloé se lève pour prendre la sauce.

19h58
Chloé est de retour à table avec la sauce qui se trouvait dans le placard des sauces.

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L’absence de femmes dans la catégorie la plus prestigieuse des Césars, « meilleur film », à la 48e cérémonie des Césars, a très vite été éclipsée par le grand gagnant, La Nuit du 12 de Dominik Moll, nominé dix fois et reparti avec six récompenses, dont celle du meilleur film. On y suit deux inspecteurs de la police judiciaire, enquêtant sur le viol et le meurtre de Clara (Lula Cotton-Frapier).

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Valentin n’aurait jamais pensé que la sortie tant attendue de son premier livre, tiré de sa thèse, serait le point de départ de la plus grande injustice qu’il aurait à subir dans sa vie. Il ne cesse de lire et relire l’unique recension, rien ne lui a été épargné, dans cet article  réalisé par une « parfaite inconnue, sans autorité dans la matière ». Comment cette personne pouvait-elle sérieusement qualifier son ouvrage de « limite de masculinisme ? ».

Valentin aime les livres. Dans son groupe d’amis, il jouit du qualitatif d’intellectuel, qu’il feint de nier, mais ses petits gloussements cachent mal le plaisir que ce titre lui procure. Il aime les livres, les commenter, en débattre et les recommander, ou plutôt les prescrire. Un livre pour chaque problème, et un problème pour chaque livre. Et comme tout amoureux des livres, de la Culture, la liste des choses qui le révolte reflète son sens certain de la morale et du beau: les liseuses électroniques, la musique avec « des paroles qui ne font pas sens », les personnes qui jettent les livres, celles qui lisent des ouvrages indigents : succès commerciaux, arlequins, mangas (liste non exhaustive), les personnes qui n’ont pas lu les sept tomes de la Recherche du temps perdu, mais aussi celles qui ont gaspillé leur temps à lire tous les tomes du Seigneur des anneaux, les blockbusters, les personnes qui ne savent pas prononcer correctement Durkheim ou Brecht.

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On January 14th, Alice Diop was presenting her most recent film at the NYC Film Forum and the Africa Center. Critics and international festivals have praised Alice Diop’s first feature film for its cinematography, narrative, and acting. After earning the Lion of the Future and the Golden Lion at Venice, Saint Omer won the César of best first film at the 48th César ceremony on Friday, February 24. Saint Omer displayed a lexicon of shadowiness mastering the art of fragments—a cinematographic embodiment of Saidiya Hartman’s ‘critical fabulation’ methodology coined in her essay “Venus in Two Acts.”1 Although Saint Omer cannot be reduced to an “inspired by real-life” film, the film offers an acute awareness of Black subjectivities, silence, and its shadows.

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Hello, La fin de l’hiver (qui ne semble pas avoir commencé) approche, la newsletter est consacrée aux concepts « délibérée mais pas conspirationnel » et prison fix tirés du livre de l’universitaire anti-carcérale et figure du Black feminist geography, paru en 2007 aux éditions University of California Press : 

Ruth Wilson Gilmore
Golden Gulag: Prisons, Surplus, Crisis, and Opposition in Globalizing California

Vous pouvez lire par ici.
Si vous n’êtes pas encore abonné.e, c’est le moment. Par ici

Décolonial, colonialité, décoloniser… Soixante ans après la deuxième vague d’indépendances nationales, la question décoloniale est toujours (voire encore plus) d’actualité. Depuis des dizaines d’années, militant·es et universitaires démontrent qu’en termes économiques et géopolitiques les pratiques coloniales n’ont pas disparu : elles se sont recomposées et adaptées au contexte post-indépendance.

La Françafrique et les relations cordiales (et très intéressées) entre la France et ses anciennes colonies n’est pas morte, comme en témoignent les interventions militaires françaises dans le Sahel ou la survivance du franc CFA.

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Since its emergence in the French context, academics and activists have clashed over the definition of “intersectionality,” but also intramurally within those spaces where questions of legitimate forms of knowledge remain a point of contention. In this paper, I will map the paradoxical circulation of intersectionality by focusing on how the concept participated in the shaping of both alliances and antagonisms amongst and between activist organizations, academia, mainstream political groups, and the French State. This same intersectionality, which has given birth to significant intellectual channels of debate among scholars, feminists, and anti-racist activists (but also between scholars and activists), is nevertheless presented as a homogeneous and unified object. There exists another paradox: anti-racist and leftist political activists criticize intersectionality, arguing that it can be co-opted by neoliberalism or femonationalism. Yet the reality is that the reconfiguration of reactionary discourses in France has recoded intersectionality to mean “Islamist fundamentalism/racialism/anti-universality.”

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Corine Bond/Alaso 1
Corine Bond/Alaso 1

BLST 33300-M(35032)
Women in the African Diaspora

Instructor: Fania Noel 

`Fall 2022

The City College of New York
Black Studies Program

Course Description

Women in the African Diaspora investigates the political, social, and economic experiences and conditions of Black women in the context of diaspora. This course will use global Black Feminist and Africana theories, methodologies, and scholarship to comprehend migration, the global racial and sexual division of labor, the racialization of gender but also its invention and its normalization/generalization through slavery and [neo]colonialism. This course understands the term “diaspora” both as the historical diaspora – Afro-descendants whose ancestry lies in  enslaved Black African people dispersed through North Africa, Europe, and the Americas; and the geographical diaspora – the groups circulating through forced or chosen migration from Africa all over the world. 

“We cannot, without running the risk of breaking the pan-African momentum, separate Africa from its diasporas: without Africa, the African diasporas have no identity; without the diasporas, Africa would lose sight of both the scale of its past and current contribution to our world and the global scope of its responsibilities” (M’Bokolo 2003; 6).

[Week 1: August 25] Introduction 

  • Hartman, Saidiya. “Venus in two acts.” Small Axe: A Caribbean Journal of Criticism 12.2 (2008): 1-14
  •  Palmer, Colin (2000) The African Diaspora, The Black Scholar, 30:3-4, 56-59

[Week 2: August 30 / September 1st] Gender and its Discontents

  • Oyěwùmí, Oyèrónkẹ́. The invention of women: Making an African sense of western gender discourses. U of Minnesota Press, 1997. pp. 1-30,
  • Snorton, C. Riley. Black on both sides: A racial history of trans identity. U of Minnesota Press, 2017. Chapter 1: “Anatomically speaking; Ungendered flesh and the science of sex.” in pp 17-53

Suggested:

  • Butler, J. 2011, “Gender is Burning,” in Bodies That Matter: On the Discursive Limits of Sex (New York: Routledge), pp. 81-99

[Week 3: September 6 & 8 ] A Feminist Grammar 

  • Collective, Combahee River. “The Combahee river collective statement.” Home girls: A Black feminist anthology 1 (1983): 264-274
  • Verna, Chantalle F., and Paulette Poujol Oriol. “The Ligue Feminine d’Action Sociale: An Interview with Paulette Poujol Oriol.” Journal of Haitian Studies, vol. 17, no. 1, 2011, pp. 246–57. 
  • Sharpley-Whiting, T. Denean. “Erasures and the practice of diaspora feminism.” Small Axe 9.1 (2005): 129-133.

Suggested 

  • Tamale, Sylvia. Decolonization and Afro-feminism. Daraja Press, 2020. The chapter  “Pan-Africanism in African Feminism” pp 369-377
  • Morrison, Toni. “What the black woman thinks about women’s lib.” New York (1971).

 [Week 4: September 13 & 15] What a Body can do? : slavery, body and flesh

  • Spillers, Hortense J. “Mama’s baby, papa’s maybe: An American grammar book.” The Transgender Studies Reader Remix. Routledge, 1987. 93-104
  • Prince, Mary. “The History of Mary Prince, A West Indian Slave.” Black Writers. Routledge, 2020. 345-364.
  • Shaw, Andrea Elizabeth. The embodiment of disobedience: Fat black women’s unruly political bodies. Lexington Books, 2006.

Suggested: 

  • Fuentes, Marisa J. “Agatha: White Women, Slave Owners, and the Dialectic of Racialized Gender.” Dispossessed Lives. University of Pennsylvania Press, 2016. 70-99

[Week 5: Sept. 20 & 22] “Freed from slavery and free of resources”: the Plantation’s Afterlife 

  • Hartman, Saidiya, and F. Wilderson. “The terrible beauty of the slum.” Brick: A Literary Journal 99 (2017): 39-44
  • Hernández Reyes, Castriela Esther. “Black women’s struggles against extractivism, land dispossession, and marginalization in Colombia.” Latin American Perspectives 46.2 (2019): 217-234.
  • Forbes, Curdella. “Between plot and plantation, trespass and transgression: Caribbean migratory disobedience in fiction and internet traffic.” Small Axe: A Caribbean Journal of Criticism 16.2 (2012): 23-42

Suggested: 

  • Cordis, Shanya. “Forging relational difference: Racial, gendered violence and dispossession in Guyana.” Small Axe: A Caribbean Journal of Criticism 23.3 (2019): 18-33.

[Week 6/7: Sept. 27 & Oct. 6 ] Don’t Agonize, Organize: Community and Organization 

  • Video: Migrant Workers in Lebanon Are Trapped in a Racist System / https://www.youtube.com/watch?v=yFEui9JhMFI
  • Davies, Carole Boyce. “Carnival and Diaspora: Caribbean Community, Happiness, and Activism.” Left of Karl Marx: The Political Life of Black Communist Claudia Jones. Duke University Press, 2008.
  • Brunson, Takkara K. “A Heroic and Revolutionary Undertaking”: African-Descended Women of the Communist Movement”. Black Women, Citizenship, and the Making of Modern Cuba. University Press of Florida, 2021

Suggested: 

  • Larcher, Silyane. “The End of Silence: On the Revival of Afrofeminism in Contemporary France.” Black French Women and the Struggle for Equality (1848-2016), Lincoln/Londres, Presses universitaires du Nebraska (2018): 102-126

[Week 8: October 11 & 13] Black Women Black and State Violence 

  • Kia Lilly Caldwell (2020) “#MariellePresente: Black Feminism, Political Power, and Violence in Brazil”, Souls, 22:2-4, 213-238,
  • Maynard, Robyn. “Misogynoir in Canada: Punitive state practices and the devaluation of Black women and gender-oppressed people.” Policing Black lives: State violence in Canada from slavery to the present. Fernwood Publishing, 2017

Suggested: 

  • Shakur, Assata.  Assata: The Autobiography of a Revolutionary. Chicago, Illinois: Lawrence Hill (2001). Chapter 1 & 2 

[Week 9: Oct. 18 & 20] The Border: Labor, Migration, and Racial Capitalism 

  • Film: Black Girl by Ousmane Sembène
  • What Did Cedric Robinson Mean by Racial Capitalism? By Robin D. G. Kelley https://bostonreview.net/articles/robin-d-g-kelley-introduction-race-capitalism-justice/
  • “Black Women and Domestic Work: the Early Years.” Andall, J. (2000). Gender, Migration and Domestic Service: The Politics of Black Women in Italy (1st ed.). Routledge.
  • Mlambo, Victor H., and Sphephelo Zubane. “No rights, No Freedom: The Kafala system and the plight of African migrants in the Middle East.” ADRRI Journal of Arts and Social Sciences 18.1 (6), April, 2021-June (2021): 1-16.

Suggested: 

  • Stephen J. King (2021) Black Arabs and African migrants: between slavery and racism in North Africa, The Journal of North African Studies, 26:1, 8-50
  • Rose Myrlie Joseph. “Tying the Apron.” , Alaso #1 Rezistans, : 20-27

[Week 10: Oct. 25 & 27] Ho Theory: Controlling Images and Black Women’s Agentivity 

  • Lomax, Tamura. “Black Venus and Jezebel sluts: Writing Race, Sex and Gender”  Jezebel unhinged: Loosing the Black female body in religion and culture. Duke University Press, 2018. pp. 13-33
  • King, Rosamond S. “This Is You”: “Invisibility,” Community, and Women Who Desire Women” Island bodies: Transgressive sexualities in the Caribbean imagination. University Press of Florida, 2014

Suggested: 

  • Magunbane, Zine. “Which Bodies Matter?: Feminism, Poststructuralism, Race, and the Curious Theoretical Odyssey of the ‘Hottentot Venus.’” Gender & Society, vol. 15, no. 6, Dec. 2001, pp. 816–834

[Week 11: Nov. 1 & 3] Family Affair: Motherhood and Sisterhood 

  • Movie: Daughters of the Dust by Julie Dash (1991 )
  • Hill Collins, Patricia. “Black women and motherhood.” Living with Contradictions: Controversies in Feminist Social Ethics. Routledge, 2000. 450-461
  • dos Santos SB. “Controlling black women’s reproductive health rights: An impetus to black women’s collective organizing in Brazil”. Cultural Dynamics. 2012;24(1):13-30.
  • Bambara, Toni Cade. “On the Issue of Roles”. The black woman: An anthology. New American Library, 1970.

Suggested:

[Week 12: Nov. 8 & 10 ] The Beautiful Side of the Beast: Desire and the politics of Desire 

  • Da’Shaun, L. Harrison. “Pretty Ugly: The Politics of Desire.” Belly of the beast: The politics of anti-fatness as anti-blackness. North Atlantic Books, 2021, pp. 11-32
  • Williams, Bianca C. “Breaking (It) Down: Gender, Emotional Entanglements, and the Realities of Romance Tourism.” The Pursuit of Happiness. Black Women, Diasporic Dreams, and the Politics of Emotional Transnationalism. Duke University Press, 2018. pp. 123-158
  • Chancy, Myriam J. A. “Subversive Sexualities: Revolutionizing Gendered Identities.” Frontiers: A Journal of Women Studies, vol. 29, no. 1, 2008, pp. 51–75. JSTOR,
  • Philyaw, Deesha. “Eula” The Secret Lives of Church Ladies. Pushkin Press, 2022. pp.1-11

Suggested: 

  • Johnson, Jessica Marie. “Black Femme: Acts, Archives, and Archipelagos of Freedom“ Wicked flesh: black women, intimacy, and freedom in the Atlantic world. University of Pennsylvania Press, 2020. Pp.153-186

 [Week 13: Nov. 15 & 17 ] Crafting Stories, Building Narratives 

  • Film: Sambizanga by Sarah Maldoror 
  • Oloukoi, Chrystel. “A Chorus for the Revolution: On Sarah Maldoror’s Radiant Call of Resistance.”Metrograph,  https://metrograph.com/a-chorus-for-the-revolution/
  • hooks, bell. “The oppositional gaze: Black female spectators.” Black American Cinema. Routledge, 2012. 288-302

Suggested :

  • Steele, Catherine Knight. “Black bloggers and their varied publics: The everyday politics of black discourse online.” Television & New Media 19.2 (2018): 112-127
  • Wynter, Sylvia. “Novel and history, plot and plantation.” Savacou 5.1 (1971): 95-102.

[Week 14: November 22 ] Crossing the Border: Internationalism and Solidarity

  • Florvil, Tiffany N. “Transnational feminist solidarity, Black German women and the politics of belonging.” Gendering Knowledge in Africa and the African Diaspora. Routledge, 2017. 87-110.
  • Williams, Elizabeth. “The West Indian and African Roots of the Anti-Apartheid Movement in Britain.” The Politics of Race in Britain and South Africa: Black British Solidarity and the Anti-Apartheid Struggle. Bloomsbury Publishing, 2015
  • Wyddiane Prophète. “Suzanne Comhair-Sylvain, a woman, an extraordinary avant-gardiste scientist”. Alaso #2  Frontyè, : 62-69

Suggested : 

  • Sudbury, Julia. “Rethinking global justice: Black women resist the transnational prison-industrial complex.” Souls 10.4 (2008): 344-360.

[Week 15: Nov. 29 & Dec 1st] AntiBlackness and the end of the World: Afropessimism

  • Episode: Black Mirror S04e6: Black Museum – Netflix 
  • Wilderson III, Frank B. Afropessimism. Liveright Publishing, 2020. pp.1-18
  • Browne, Simone. “Branding Blackness. Biometric Technology and the Surveillance of Blaéckness” Dark matters: On the surveillance of blackness. Duke University Press, 2015. pp.89-130

Suggested: 

  • Fanon, Frantz. Black skin, white masks. Grove press, 2008.chapter 1 

 [Week 16: Dec. 6 & 8]  The Day after Tomorrow: Futures 

Suggested: 

Wynter, Sylvia. “The ceremony must be found: After humanism.” Boundary 2 (1984): 19-70

 [Week 17: December 13 ] Conclusion

Juillet 2018 : Victoire de l’équipe de France à la Coupe du monde de Football. De jeunes garçons noirs quittent la périphérie pour rejoindre le centre, drapeau tricolore à la main. Ils s’engouffrent dans le RER, direction Paris. Leurs visages rivés sur les écrans géants, à l’extérieur du bar, l’exultation avec la foule et toujours ce drapeau tricolore brandi, enlacé et agité. Une scène qui renvoie à l’affiche du film, ces mêmes drapeaux portés par une foule qu’on devine multiethnique, déferlant sur les Champs Élysées, surplombée par ce titre : Les Misérables. Tourné à Montfermeil, le film se place sans équivoque dans la lignée de la figure tutélaire de Victor Hugo, grand témoin de son époque et narrateur des marges. Avec cette scène qui inaugure Les Misérables, le film n’évoque pas simplement le symbole de la francité en explorant la dualité entre celles et ceux supposés de souche et les autres. Ces trois premières minutes cristallisent fantasmes, espoirs et projections autour de la question raciale en France.

Les Misérables — qui a fait sensation en remportant un prix à Cannes et quatre Césars, dont celui du meilleur film — a été salué à gauche comme à droite.

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Pré-requis : Si vous ne savez pas ce qu’est le Black Love, lisez l’article de Nothing but the Wax. Au fait, c’est quoi le Black Love ?

 


Quel meilleur moment que la saison des “unpopular opinion” pour aborder les sujets qui fâchent ? Depuis un peu plus d’un an, la communauté Afro (notamment en ligne) promeut le Black Love à travers des podcasts, la visibilité de couples, des projets visuels ou encore des récits. Au milieu de cet océan d’amour, ce qu’on ne dit pas c’est que, vous, oui vous les promoteur.e.s du Black Love vous saoulez tout le monde.

 

Vous saoulez les personnes blanches et racisées avec vos histoires de célébration de l’amour entre noir.e.s. Les communautés non noires regorgent de personnes persuadées que l’objectif premier de toute personne noire est de finir en couple avec une personne blanche ou racisée non noire, afin de peupler la terre de bébé métisses (si possible ambigus racialement). Le couple mixte offre aux femmes noires hétérosexuelles la promesse d’un saut qualitatif dans nos existences : on peut toutes trouver notre Prince Harry.

Certaines catégories de femmes blanches semblent particulièrement agacées lorsque ce sont des hommes noirs qui promeuvent le Black Love. Mais cet agacement n’est que temporaire, car elles savent bien qu’à la fin de journée elles pourront se réconforter sur le compte twitter de @NoirSombre1m87 et ses tweets sur les “noirtes”.

 

Vous saoulez les personnes noires en couple avec des personnes non noires (et particulièrement avec des blanc.he.s). D’après le récit national : les médias, la publicité, l’équipe de France de Football, Châtelet-les-Halles… Le couple Kim et Kanye, le mariage de Samira Wiley, etc. représentent ce qu’une personne noire peut espérer de mieux niveau vie privé. D’ailleurs, ces personnes vont jusqu’à faire des routines matinales spécial couples mixtes ; preuve qu’ils sont au-dessus. Et la victoire finale est proche, en atteste Princess.. Duchesse Meghan.

 

Vous ne pouvez pas venir ébranler cette certitude forgée depuis l’enfance, parfois dans nos propres familles. En plus, leurs partenaires n’y sont pour rien pour ce qui est du racisme, au contraire : leur couple participe à l’enrayer (le bilan reste mitigé mais prometteur). Même parmi celles et ceux qui ne voient pas dans leur couple mixte un accomplissement, toutes vos célébrations gênent. Et puis… Pourquoi mettre la race dans tout ? Surtout dans les cas de couples mixtes formés d’une personne noire avec une personne racisée ?

Peu importe que dans toutes les communautés le mariage au sein de cette dernière est valorisé et respecté et que pour leur famille il vaut mieux être avec un.e Blanc.he.s qu’avec un.e Noir.e.

 

Vous saoulez les hoteps. Vous aussi avec vos affaires de Black Love souvent mêlées avec des discussions sur les masculinités noires, de Black love pas que pour les cis-hétéro, de Black Love pour des relations épanouissantes émotionnellement et sexuellement !

It”s too much!

Le monopole que ces derniers avaient sur le concept de famille noire, de couple noir, de la FÂME noire (il n’ y en a qu’une seule) est maintenant ébranlé avec vos demandes fantasques ! Quant à vous, les afroféministes, après avoir conduit le complot pour émasculer l’Homme Noir (disponible en un seul modèle également), vous voulez maintenant le marier dans un couple qui ne soit pas basé sur votre capacité à tout endurer ?! Mais quelle AUDACE !

 

Vous saoulez les personnes noires militantes radicales en couple avec des personnes non noires (et particulièrement avec des blanc.he.s). (full disclosure : I was there)

“Tout est politique”, une phrase qu’adorent les militant.e.s. Mais lorsque ces dernier.e.s sont en couple avec une personne non noire, il semblerait que questionner leur choix matrimonial ne rentre pas dans ce fameux “privé est politique”.

C’est l’amour ! Peu importe que l’amour soit un des produits de notre environnement (raciste, hétéro-patriarcal et classiste) et que des personnes soient marginalisées, exclues de ce merveilleux marché de l’amour romantique.

 

Surtout que ces militant.e.s sont avec des personnes non noires “safe”, “woke” (le profil type est un.e militant.e.s noir.e avec une personne non noire – souvent blanche – chercheur.e, doctorant.e. Artiste, etc.). Et il faut l’avouer : leurs partenaires blanc.he.s ne font pas de vague et restent à leur place. On parle ici de personnes militantes, qui mettent énormément d’énergie dans la lutte pour l’émancipation des personnes noires, qui ne font pas la promotion de leur couple mixte (surtout lorsque la femme est noire) ou du métissage, etc.

 

L’argument le plus entendu (du côté des femmes hétérosexuelles), c’est que les hommes noirs en France sont portés vers les femmes non noires et même qu’ils sont dans le dénigrement public des femmes noires, surtout celles qui sont militantes. Ce qui est un fait. Mais cela n’explique pas tout, car il y a la même tendance chez les personnes noires queer militantes avec le même schéma de couple (un.e militant.e noir.e avec une personne non noire – souvent blanche – chercheure, doctorante. artiste, etc..).  

 

Les militant.e.s sont un groupe démographique qui fait souvent des choix contraignants dans son mode de vie : régime alimentaire, boycott de certains produits/ lieux, support des entreprises Afro, cercle d’ami.e.s militant.e.s, etc.

Pourquoi alors lorsqu’il s’agit de choix amoureux, il n’en est pas de même ? Parce qu’on a tou.te.s besoin d’amour, et que ne pas politiser la question raciale dans le choix du/de la partenaire permet d’en trouver un.e plus facilement car un “marché” existe pour cela.

 

En effet, les militant.e.s politisent le choix de leur partenaires, sur beaucoups d’autres aspects. La réalité est qu’il y a un “marché” dans les pays du Nord, composé de personnes non noires – en majorité blanches – qui sont par leur parcours militant et/ou d’études, compatibles avec les personnes noires militantes (radicales sur la question noire) et qui cherchent justement à être en couple avec les personnes noires militantes. Il faut être très lucide sur le fait que dans le couple, c’est la personne non noire qui tire le plus de bénéfices symboliques (que cette personne le veuille ou non) de cette relation, surtout si cette personne est dans un milieu militant, où son couple va pouvoir de manière implicite lui apporter de la crédibilité ; c’est le jackpot pour les personnes non noires qui travaillent sur les questions noires : crédibilité et validation.

 

Cela ne fait pas de ces personnes des mauvais.e.s militant.e.s ou des mauvais.e.s noir.e.s. Seulement des personnes qui font un choix, là où pour d’autres, être avec un.e partenaire de la même communauté qui partage les mêmes convictions est un point important (et cela, sans passer leur temps à dénigrer les personnes des autres communautés *suivez mon regard*). Ce sont des personnes noires pour qui partager la même expérience raciale ou construire une famille noire ne sont pas des critères de choix principaux pour un.e partenaire.

 

Cela demande de faire un exercice de pensée contre soi-même pour comprendre comment on peut être militant.e sur les questions noires avec des positions radicales, et avoir majoritairement dans son histoire des relations amoureuses avec des personnes non noires. Il faut faire cette démarche réflexive sur l’environnement où l’on a évolué, qui a façonné nos goûts, nos attirances et reconnaître que dans un monde qui n’apporte aucune valeur aux vies Noires (aussi bien les personnes, que les communautés et les familles) nos choix matrimoniaux s’inscrivent dans cette continuité. Il faut admettre que nous ne sommes pas des concepts, ni des idéaux-types ; nous sommes traversé.e.s par des contradictions complexes, il faut les admettre et pouvoir vivre avec en étant honnête avec soi-même. On rappelle que personne ne doit de justification sur sa vie privée à autrui.

 

Il ne sert à rien de tourner le problème dans 56 sens. Oui, être en couple avec une personne non noire quand on est militant.e.s sur les questions noires, c’est une contradiction. Contradiction ne veut pas dire hypocrisie, traîtrise ou invalidation ; cela signifie simplement que l’on est un être humain.

 

Et être dans cette situation ne devrait pas empêcher de voir que le Black Love est politique et qu’il porte un projet politique subversif, qui n’est pas un projet totalitaire qui s’applique à tout le monde, ni qui invalide les autres couples.

 

Vous saoulez toutes les personnes qui ont ressenti une petite joie en voyant le titre de ce billet et plus encore en voyant que j’en suis l’auteur.e et qui ont eu la joie de pouvoir trouver des arguments à moindre coût, la perspective merveilleuse de pouvoir l’utiliser en citation lors d’un débat sur Facebook, ou encore mieux, pour envoyer l’article à une personne noire qui défend le black love (stratégie type : “C’est même pas moi qui le dis, c’est une nwar, en plus afroféministe”).

Vous saoulez tout le monde, mais c’est ça qu’on aime.

Black Love vie.

Fania N.