Souvent décriées lorsqu’il s’agit de stars du divertissement, les relations parasociales sont aussi un fléau de la politique à l’âge néolibéral et de l’intimité fabriquée par les réseaux sociaux. Les écueils de la « politique copine » se sont fait ressentir avec une acuité particulière lors de la campagne des législatives anticipées. Les sympathisant·es de gauche approchant la politique de manière plus informelle sont tombé·es dans l’impasse de la proximité en copinant, voire en transformant en mèmes, des femmes politiques telles que la cheffe de file écologiste, Marine Tondelier.

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J’ai été frappée par la manière dont les débats sur BookTok U.S. résonnent étrangement et tristement avec le film (que j’ai détesté) It Ends With Us. En novembre 2024, à la suite des résultats de l’élection présidentielle américaine, le BookTok américain s’est enflammé et transformé en champ de bataille. Une partie des influenceurs de BookTok, majoritairement des femmes blanches milléniales, exigeait que la politique reste en dehors de la lecture, et que “it’s not that deep”. La lecture est souvent présentée, sous des formes différentes, comme une activité noble, manifestation de capital symbolique, culturel ou moral. De la même façon que lire beaucoup de livres ou avoir des diplômes rendrait automatiquement radical ou révolutionnaire (hello la tradition réactionnaire et fasciste intellectuelle), on a vu des dizaines de booktokeuses (et booktokeurs) démontrer que, malgré des centaines de livres lus par an (majoritairement de fiction, fantasy ou science-fiction), elles/ils tombent dans deux grandes catégories :

  1. Une absence totale de littératie médiatique, les rendant incapables de discerner les paraboles ou les messages au-delà des événements touchant le personnage principal ;
  2. Une mauvaise foi évidente, consistant à refuser d’assumer un positionnement politique conservateur tout en manipulant les autres pour les faire passer pour ignorants.

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Les fans de la série How to Get Away with Murder se souviennent d’une réplique phare du personnage Nate Lahey : « Les Blancs ramènent toujours la question de la race quand ça les arrange, jamais quand c’est pertinent. » On pourrait dire la même chose de la figure du violeur, brandie comme un étendard par les « nice guys » lorsqu’il s’agit du spectre de l’inconnu dans une ruelle sombre, mais jamais lorsqu’il s’agit de se confronter à la réalité des chiffres : la vaste majorité des victimes connaissent leurs agresseurs, et ces derniers considèrent souvent que ce n’était pas un viol.

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La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques a suscité de nombreuses réactions allant de la célébration des minorités représentées aux plus vives critiques de washing. Si les lignes qui distinguent ces réactions ne sont pas binaires gauche/droite, elles traduisent néanmoins des oppositions idéologiques et politiques. Je me propose ici d’analyser comment au cœur de la réception de cette cérémonie d’ouverture se trouvent le désir d’appartenir au récit national français et comment ce désir entre en contradiction avec la possibilité de libération, de justice et d’égalité pour tous·tes.

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Loin d’être en opposition au discours dominant, les discours sur la mobilité sociale et les success stories de la diversité sont une version paternaliste et bienveillante du racisme et du classisme. Le terme « parvenu » a été facilement détrôné par celui de transfuge de classe, moins insultant et émanant du champ de la sociologie. D’aucun·es soutiennent que la principale caractéristique du transfuge de classe est d’avoir réussi à déjouer le déterminisme de la reproduction sociale, d’être un ou une évadé·e statistique. J’estime au contraire que l’existence du transfuge de classe participe au déterminisme et à la reproduction des élites ; elle est une nécessité pour le maintien du néolibéralisme.

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Les réactions suscitées par la banderole attaquant la chanteuse peinent à expliquer les références racistes et les persistances de l’idéologie coloniale en France.

Face à l’offensive contre l’artiste Aya Nakamura – évoquée pour la cérémonie d’ouverture des JO de Paris – menée par la droite et l’extrême droite, une partie de la gauche et ceux et celles qui se réclament du centre-gauche nous offrent une fois de plus le spectacle de leur incapacité à nommer les choses, trop accrochés à un cadre idéologique qui n’a jamais été à la hauteur de la compréhension de la race comme générateur de la modernité et du contrat racial.

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Souvent on décrit à tort ce travail comme travail émotionnel […] Le travail herméneutique [montre] comment les relations platoniques des hommes sont prises en charge par les femmes de leur entourage (compagne, amie ou membre de leur famille) et que les groupes amicaux d’hommes ne sont pas moins compliqués mais s’engagent moins dans l’intimité et peuvent durer très longtemps du fait de la relative superficialité de la relation.

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Fisayo avait répondu sans hésitation à Pascal quand elle avait serré la main de Jérôme. Son naturel ne laissait aucune place aux interprétations : « Oui on s’est déjà croisés. » Pascal n’avait alors pas compris l’étonnement de Jérôme. Oui, Fisayo avait bien déjà croisé Jérôme 149 jours auparavant à l’espace ping-pong de leur lieu de coworking, il lui avait alors demandé son numéro ; mais Fisayo l’avait aussi croisé il y a 129 jours lors de leur premier date, puis il y a 119 jours lors de leur second date. Par la suite, elle avait fait en sorte de ne plus « croiser » Jérôme, ce même de manière asynchrone. Elle l’avait bloqué sur WhatsApp, Instagram, Twitter et LinkedIn. 

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De nombreuses sociétés ont éduqué leurs enfants de sexe masculin dans le simple but de leur apprendre à ne pas être des femmes, mais une telle éducation entraîne inévitablement une perte, car elle apprend à l’homme à craindre de perdre ce qu’il a, et à être à jamais quelque peu hanté par cette crainte. Mais lorsqu’en plus d’apprendre qu’il ne doit à aucun prix être une fille, il est continuellement forcé de rivaliser avec les filles à l’âge même où les filles mûrissent plus vite que les garçons, et que les femmes se voient confier des tâches que les filles assument plus facilement, une ambivalence plus aiguë s’installe.

Margaret Mead, Male and female: a study of the sexes in a changing world, p. 315 

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Il est extrêmement inquiétant que politiquement le devenir des femmes ne soit pas pris en compte, alors que l’accomplissement professionnel des hommes qui leur portent préjudice au sein des organisations est salué. Les trajectoires, potentiels et apports des femmes sont relégués à la sphère individuelle, tandis que ceux des hommes relèvent du bien commun. Dans le même ordre d’idées, les qualités et compétences que les femmes apporteraient à une organisation (si cette dernière favorisait leur implication et les protégeait) ne sont que vaguement considérées. Ce comportement discriminant entretient le patriarcat en s’assurant que les institutions et organisations restent des lieux où les hommes peuvent s’épanouir sereinement et devenir des membres historiques, des intellectuels indispensables alors que les femmes disparaissent et abandonnent leur place dans l’indifférence générale.

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